L’arrivée d’une nouvelle présidente du conseil de surveillance est-elle le signe d’un retour de la crise chez Mickey ?
Remue-ménage chez Mickey. Hier, le géant du divertissement a annoncé que Virginie Calmels, la présidente de la société de production télévisuelle Endemol, connue pour ses émissions comme Loft Story ou Secret Story, devenait présidente du conseil d’administration d’Euro Disney. Est-ce le signe que le grand parc d’attraction de Marne-la-Vallée est à nouveau en crise ?
Non. C’est un passage de relais en douceur. Elle remplace un président qui avait passé 23 ans au sein du conseil d’Euro Disney et qui voulait prendre sa retraite. En plus, elle était déjà membre de ce conseil de surveillance. Et elle a les qualités requises. Elle connaît bien le monde de la finance et des loisirs. Et son job ne va pas être de gérer Euro Disney au quotidien. Ça, c’est le rôle du président opérationnel d’Euro Disney, Philippe Gas. Virginie Calmels, elle, aura en fait surtout une fonction : s’assurer que les intérêts de tous les actionnaires d’Euro Disney soient bien défendus. Parce qu’Euro Disney, vous le savez, ça appartient à hauteur de 40% à l’américain Disney et le solde se sont des fonds, des gros investisseurs, mais aussi des petits porteurs qui n’ont pas fait une bonne affaire en investissant dans ce groupe.
Euro Disney c’est un groupe qui va mal ?
Les fondamentaux sont bons. Ce parc est devenu la première attraction touristique de France. Rien que l’an dernier, 16 millions de visiteurs sont passés par Euro Disney. C’est deux fois la fréquentation du Louvre. Et quand un visiteur passe, il laisse des euros dans le coffre-fort de Picsou. Depuis avril 1992, le parc a généré plus de 30 milliards d’euros de recettes. Les sept hôtels qui entourent le parc affichent presque tout le temps complet. C’est donc une machine à cash. Mais le paradoxe c’est qu’Euro Disney c’est un succès populaire et commercial. Mais financièrement c’est un désastre.
Comment s’explique ce paradoxe ?
D’abord, Euro Disney est mal né. Le projetest parti avec un endettement beaucoup trop fort et le niveau de royalties qu’il fallait verser à la maison-mère américaine était bien trop élevé. Du coup, Euro Disney fait rentrer les euros, mais ses dépenses de remboursement et de royalties ont longtemps plombé les bénéfices. Le groupe affiche ainsi des pertes tous les ans depuis 2001. Heureusement, l’an dernier, la maison-mère américaine a repris la dette d’Euro Disney à son compte et du coup le groupe respire. Quand il veut investir, il doit juste négocier avec son actionnaire américain et non plus avec un pool de 65 banques. Et c’est important car le groupe a plein de projets. Il prépare un village de vacances, il veut agrandir son deuxième parc, Disney Studio. Il peut en particulier chercher à attirer un public plus adulte avec des super-héros par exemple. Et il peut enfin d’ici 10 ans rêver encore plus grand car il n’occupe encore que la moitié des terrains dont il dispose.
Donc pour les petits actionnaires, ç’est aussi la fête ?
Pas encore. Au niveau Boursier, Euro Disney ça rappelle un peu Euro Tunnel. L’action a été introduite à 82 francs, 12 euros 50. Aujourd’hui elle ne vaut plus que 5 ou 6 euros. C’est mieux que les 50 centimes de l’an 2000 quand Euro Disney risquait de faire faillite. Mais ça reste quand même pour beaucoup de petits porteurs une bien mauvaise affaire.
Sources: Les echos
