les arbitrages du gouvernement sur le futur métro de rocade parisien pèseront lourd sur l'emploi.
Ministre chargée du Grand Paris, Cécile Duflot avait prévenu. Faute de pouvoir tout financer d'emblée (30 milliards), le gouvernement va devoir déterminer des priorités dans la réalisation du métro de rocade Grand Paris Express. Alors que les arbitrages du Premier ministre sont attendus avant fin février, l'inquiétude monte donc chez les élus au fil des rumeurs. Le retard ou même l'abandon de certaines gares est évoqué. De quoi faire craindre des décisions fondées sur le seul transport sans prendre en compte le développement économique ou le logement. Or ces élus se sont engagés en signant avec l'Etat des contrats de développement territorial autour des gares et ont fait des promesses à leurs électeurs. Et rares étaient ceux qui imaginaient qu'ils pouvaient ne pas être prioritaires.
« Les territoires ne peuvent plus attendre. Sans métro, il n'y aura aucun espoir de relancer la construction et de faire reculer la pénurie de logements qui frappe notre région et nos concitoyens », plaide le président communiste du conseil général du Val-de-Marne, Christian Favier. Même discours dans la vallée de la Bièvre.
550.000 habitants concernés
De leur côté, les élus des 49 collectivités de l'association des collectivités du Grand Roissy et du Bourget demandent la mise en service dès 2025 des tronçons nord et est de la même ligne rouge. Ils desservent notamment Clichy-sous-Bois, Montfermeil, Saint-Denis, l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle et le Mesnil-Amelot. Leurs arguments s'appuient sur une étude fouillée de l'Etablissement public d'aménagement Plaine de France. Cette ligne concerne 550.000 habitants et, surtout, « les 25 grands projets économiques recensés sur notre territoire devraient générer 165.000 emplois dans les quinze ans à venir, dont 100.000 ne viendront pas s'il n'y a pas de métro », affirme Patrick Renaud, président divers droite de l'association du Grand Roissy, qui évoque 6 milliards d'euros d'investissements privés.
« C'est à cet endroit du territoire national qu'en 2003 et 2005 les banlieues ont explosé. Nous devons mettre la pression pour réparer l'erreur historique d'avoir développé le nord de l'Ile-de-France comme cela a été fait », menace le maire PS de Sarcelles, François Pupponi.
Certains, comme le maire socialiste de Gonesse, Jean-Pierre Blazy, semblent prêts à accepter un métro léger aérien, comme cela se dessine au plateau de Saclay, mais, si le territoire tient ses promesses, il risque d'être très vite saturé. « Les choix que nous ferons devront aussi préserver l'avenir », explique-t-on au cabinet de Cécile Duflot. Ils seront d'autant plus difficiles que tout retard de plus de deux ou trois ans risque de dissuader les investisseurs. « Plusieurs hésitent déjà à maintenir leurs projets », affirme un professionnel sur le terrain.
Pour les observateurs avisés, un tel dénouement était pourtant prévisible. L'estimation sur le coût du projet (30 milliards) fournie par Pascal Auzannet au gouvernement était déjà connue. Pis, elle est même en deçà de certains montants qui avaient été annoncés dès 2011. De même, était-il devenu évident, toutes les lignes ne seraient pas lancées en même temps. Reste à présent au gouvernement à établir la liste des prioritaires sans désespérer le reste de la banlieue.
Dominique Malécot
sources : lesechos.fr