Moins d'un an après la publication d'un rapport d'enquête parlementaire sur les dysfonctionnements du RER francilien, les trois opérateurs publics concernés (SNCF, RATP et RFF) ont fait des propositions d'amélioration le 30 janvier aux députés.
Lors d'une table ronde sur les transports en Ile-de-France organisée le 30 janvier par les députés de la commission du développement durable, les opérateurs conviés n'ont pas pratiqué la langue de bois. Jacques Rapoport, nouveau président de Réseau ferré de France (RFF), a ouvert le tir : "Force est de reconnaître que le système actuel est complètement saturé. Il a été conçu à une époque et selon une autre logique. La gestion de certaines lignes relève de l'exploit. Si on veut atteindre les objectifs fixés en termes de qualité de service, il est temps de le moderniser et de changer à tous les niveaux de braquet. Nous nous y emploierons en 2013, en commençant par faire évoluer nos modes d'exploitation et la gestion des incidents." Côté RATP, le président Pierre Mongin s'est voulu rassurant en indiquant que la croissance kilométrique était au beau fixe (+10% en cinq ans) et que le groupe conservera en 2013 une forte capacité d'investissement (1,7 milliard d'euros). Hormis l'accueil de nouvelles rames, de nombreux travaux sont prévus et les travaux de renouvellement des voies vont notamment augmenter. "Sur le RER A, nous allons affiner nos scénarios de perturbations et, sur le réseau, échanger pour la première fois sur la localisation des trains en direct, ce que nous aurions dû faire avant", ajoute Pierre Mongin. Est-ce à dire que les trois opérateurs travaillent enfin main dans la main ? "Vu l'urgence de la situation, nous n'avons guère le choix. Une gouvernance collective est en train de s'imposer", admet Jacques Rapoport. Un effort sera aussi déployé dans l'année pour doper la gestion des bus. "Un plan bus en partie financé grâce à l'augmentation de 0,1% des plafonds du versement transport en Ile-de-France", précise Sophie Mougard, directrice générale du Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif). "Et encore, cette augmentation n'a pas été à la hauteur des besoins", a réagi Denis Baupin, député de Paris.
Ne pas négliger le court terme
Les chiffres donnent le vertige : à lui seul, le RER B (200.000 voyageurs par jour) représente en termes de fréquentation plus que l'ensemble des TER français réunis ! En 2013, les travaux vont plus que tripler. "Nous voulons faire du redressement de cette ligne un exemple", affirme Guillaume Pépy. Problème : "S'il faut se féliciter pour ces travaux, nous savons qu'on est à la limite de ce qui est supportable par le système et les usagers. Il faudra faire preuve de pédagogie. Et peut-être aborder, même si cela n'a jamais été fait, l'idée de fermer une ligne afin d'y réaliser plus vite les travaux". D'ici là, la SNCF aura lancé "dans les prochaines semaines" de nouveaux outils, dont l'application Tranquilien, qui permet aux voyageurs de consulter à tout moment l'affluence des trains. "Les geeks ont une longueur d'avance sur nous mais nous rattrapons le retard", assume Guillaume Pépy. Au Stif et à l'Etat, le président de la SNCF vient par ailleurs de soumettre un plan d'amélioration à court terme du réseau francilien. Baptisé "Le Grand Paris aujourd'hui", il pourrait être doté de 400 à 500 millions d'euros et viserait à améliorer les choses dès cette année. Sur quatre volets : l'information des voyageurs, le confort, la protection du réseau et la régularité des trains.
Morgan Boëdec / Victoires éditions